médusée
Une femme. Elle ferme un petit livre qu'elle vient de parcourir.
La femme
J’adorerais me réincarner en méduse. En toutes sortes de méduses. Pelagia noctiluca de Normandie, méduses boîtes d’Australie… Il en existe plus de mille espèces. Je pourrais être invisible à l’œil nu mais piquer quand même ou avoir 6 mètres de haut ! 6 mètres de haut ! Tu nages, le soleil brille, l’eau est limpide et tout à coup, là, à quelques brasses… une méduse, 6 mètres de haut ! Tu imagines ? 6 mètres de haut, à quelques brasses de toi et c’est peut-être moi. Réincarnée…
Moi, composée de 95 à 98% d’eau. Et dans les 2% qui restent, un concentré de venin capable de tuer un homme. Ou une femme. Même morte depuis longtemps, je pourrais encore faire du mal : l’expulsion du filament urticant est mécanique : tu touches ? Pof ! Même échouée sur le sable, même flasque et puante… Tu me touches et pof ! Et là tu sors ta carte de crédit et tu la sors vite, une fois n’est pas coutume. Tu appliques du sable là où je t’aurais brûlé puis tu l’élimines doucement doucement, le sable. Tu l’élimines avec ta carte de crédit que tu glisses sous la couche sablonneuse pour débarrasser ta peau des cellules urticantes. Il est bien ce guide. Je ne regrette pas mes six euros !